PQ Phonothèque québécoise
Musée du son
Sauvegarder, documenter et diffuser le patrimoine sonore

75 ans de radio

La radio dans la société québécoise

Repères chronologiques

par Pierre Pagé, professeur à l'Université du Québec à Montréal.


 


   Extraits sonores (ordre chronologique)


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(176 K)

Présentation générale

 

À l'occasion du 75e anniversaire de la radiodiffusion au Québec et au Canada, en 1997, nous publions cet ensemble de repères chronologiques qui veulent replacer l'institution radiophonique dans le contexte général de la culture d'une société. Nous voulons également rectifier, après vérification aux sources premières, des données historiques erronées qui circulent dans la plupart des volumes publiés depuis vingt ans concernant les origines du média radiophonique au Québec et au Canada.

La radiodiffusion comme média de communication sociale, -- le "broad-casting" [1] --, c'est précisément en 1922 qu'elle apparaît au Québec et au Canada [2]. Et les repères sont précis.

En 1922, le ministère fédéral de la Marine et des pêcheries établit une nouvelle réglementation sur les communications et crée une nouvelle catégorie de licences, les "private commercial broadcasting licences". Il emploie d'ailleurs pour la première fois, en le définissant avec précision, le terme de broadcasting.

En 1922, les premières licences sont attribuées. Plusieurs entreprises au Québec et au Canada demandent et obtiennent des licences de radiodiffusion / "broadcasting". Dans le cours du mois d'avril, le ministère fédéral de la Marine accorde, en même temps, une vingtaine de licences de radiodiffusion, dont celles de CFCF (Marconi, Montréal), de CKAC (La Presse), de CFCA (Toronto Star), de CHCB (Marconi, Toronto), de CJSC (The Evening Telegram), de CJCG (Winnipeg Free Press), de CJCA (Edmonton Journal), de CJCE (Vancouver Sun).

En 1922, une jonction formelle se produit donc entre les deux composantes essentielles de la radiodiffusion: la technologie de la radiophonie, permettant de fournir les équipements, et l'expertise journalistique, permettant de concevoir la programmation d'un contenu pré-établi. Il est donc hautement significatif que, pour la première fois, on trouve non seulement des entreprises de fabrication de matériel, mais également des entreprises de presse, qui élargissent leurs moyens de diffusion d'un contenu en obtenant une licence de radiodiffusion. De cette rencontre entre deux expertises, une ancienne et une nouvelle, naissait un nouveau média, la radiodiffusion / "broadcasting".

Avant 1922, toute la radiophonie avait un caractère expérimental et toutes les licences accordées par le gouvernement fédéral le précisaient explicitement. Les entreprises, les universités et les scientifiques procédaient alors à de la recherche-développement en T.S.F., la télégraphie sans fil, qui devient après la guerre 1914-1918 la téléphonie sans fil lorsqu'on développe la capacité de transmettre la voix.

Notre chronologie énumère les créations de stations depuis les origines jusqu'aux années les plus récentes, en marquant les périodes où la multiplication des stations a été la plus forte. Nous insérons les principaux faits socio-politiques jusqu'aux années quatre-vingt, mais nous ne pouvons, faute de recul historique, présenter correctement des éléments plus récents. Il en va de même pour les événements culturels récents dont on ignore encore la portée durable.

Enfin, nous terminons cette chronologie par un tableau qui donne l'état actuel de la radio au Québec, pour l'ensemble des stations, qu'elles soient commerciales, publiques, communautaires, étudiantes ou autochtones. Nous établissons ainsi à 182 le nombre total de stations au Québec.

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Article du N. Y. Times (86 K)

NYT

 

I. L'invention de la télégraphie sans fil en Europe (1890-1899)

 

1890: Le professeur Édouard Branly, de l'Institut Catholique de Paris, invente le radio-conducteur.

1890: Naissance à Sainte-Madeleine, près de Saint-Hyacinthe, de Jacques-Narcisse Cartier, créateur de CKAC en 1922.

1897: Le jeune Guglielmo Marconi, de l'Université de Bologne, combine plusieurs éléments: l'éclateur de Hertz, producteur d'étincelles, le radio-conducteur de Branly, l'antenne de Popov, le système morse de télégraphie. Marconi expérimente sur la mer et il fait breveter l'invention de son système à Londres.

1898: L'ingénieur Eugène Ducretet expérimente la liaison T.S.F. en milieu urbain à partir de la Tour Eiffel et construit des appareils de précision pour plusieurs savants (Cornu, Berthelot, Curie, Branly, Hertz, Popoff). Il fournit les appareils pour les laboratoires de l'Université Laval.

1899: Guglielmo Marconi établit une liaison T.S.F. entre l'Angleterre et la France et reconnaît sa filiation scientifique à l'égard de Branly.

 

Équipement de radio des années 20' (176 K)

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II. La télégraphie sans fil et la culture technologique au Québec (1899-1921)

 

1899: À l'Université Laval, le Cabinet de physique commence l'expérimentation de la T.S.F.

1901: Guglielmo Marconi établit une liaison transatlantiques de T.S.F. entre l'Angleterre et Terre-Neuve, puis avec la Nouvelle-Écosse. Trefflé Berthiaume, en fait la manchette de La Presse qui déclare Marconi "l'homme du siècle".

1903: À la suite d'une entente intervenue avec le Premier ministre fédéral Wilfrid Laurier, Guglielmo Marconi crée une filiale canadienne, la Marconi Wireless Company of Canada.

1904: Trefflé Berthiaume dote La Presse d'un puissant système de T.S.F. qui la relie aux grands journaux européens et américains et permet de tenir quotidiennement une rubrique d'information internationale.

1905: Le Canada adopte sa première loi sur la T.S.F.

1905: À l'Université Laval, le physicien Henri Simard, disciple de Branly, donne des cours publics de T.S.F. et publie un "Traité de physique", comprenant un chapitre sur la T.S.F. pour l'enseignement dans les collèges.

1906: Reginald Aubrey Fessenden, originaire du Québec, expérimente avec succès, en Nouvelle-Angleterre, la transmission de la voix humaine et de la musique.

1907: L'ingénieur américain Lee De Forest invente la lampe triode qui permet, par la régularité de ses oscillations, la transmission de la voix et l'usage du microphone.

1909: La Marconi Wireless Company ouvre à Montréal son premier atelier de fabrication d'équipement, situé sur la rue De Lorimier.

1912: Le naufrage du Titanic est l'objet d'une couverture médiatique majeure par tous les journaux, et la T.S.F. apparaît alors comme un service public. Le message de détresse du Titanic a été reçu par plusieurs sans-filistes québécois.

1912: Le physicien Georges Désilets, de Nicolet, poursuit des expériences sur la production électronique de musique par T.S.F. et enregistre ensuite des brevets à Ottawa et Washington.

1912: Débuts d'un réseau expérimental de T.S.F. en Mauricie autour de Georges Désilets (Nicolet), du Dr. Honorius Ricard (Grand-Mère), et du Frère Germain Ouellet (Trois-Rivières).

1913-1914: En vertu de la loi de 1905, le gouvernement fédéral accorde 47 licences expérimentales de T.S.F. dont 18 au Québec, parmi lesquelles on trouve plusieurs institutions scolaires, à Nicolet, à Trois-Rivières, à Saint-Hyacinthe, à Verdun et à l'École Polytechnique de Montréal.

1914-1915: Durant cette année fiscale, la Marconi Wireless Company crée une école de formation pour les radiotélégraphistes et obtient une licence expérimentale désignée comme XWA.

1914: Durant toute la guerre, et jusqu'au 1er mai 1919, toutes les stations civiles sont interdites, mais Marconi, avec sa station XWA, et les stations militaires d'Ontario et du Manitoba continuent l'expérimentation. Au total, 13 stations expérimentales à des fins militaires sont autorisées. Eu Europe, la T.S.F. est un instrument stratégique qui est utilisé par les Allemands et par les Alliés.

1919: En Hollande, le 6 novembre, la Nederlandse Radio Industrie ouvre la radiodiffusion (broadcasting) par une émission de trois heures annoncée auparavant dans les journaux.

1920: À Pittsburgh, le 2 novembre, Westinghouse commence les émissions de sa station KDKA.

1920: La compagnie Marconi Wireless, autorisée par sa licence XWA, procède à des essais, à partir de sa salle d'expérimentation de la rue William, de transmission par ondes continues et à des tests de diffusion de la voix et de la musique. Elle procède régulièrement à des tests avec les navires amarrés au port de Montréal, qui sont ses clients pour l'installation de systèmes de T.S.F. La télégraphie sans fil devient la téléphonie sans fil.

1921: En décembre, une filiale de Marconi à Montréal, la "Scientific Experimenter Limited", qui opère un commerce de détail, publie la première publicité pour susciter la vente d'appareil récepteurs.

Publicité de Marconi (55 K)

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Canadian Wireless, octobre 1921

 

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Caricacature du directeur du secteur radio 

du gouvernement canadien, M. Edwards (124 K)

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Canadian Wireless, Décembre 1921

 

III. La radiodiffusion: émergence d'un nouveau média dans la société québécoise (1922-1936)

 

1922: Le ministère fédéral de la marine et des pêcheries adopte une nouvelle réglementation, crée la catégorie des "Private Commercial Broadcasting Licences" et autorise l'application "à la radiotéléphonie du principe de diffusion broadcasting".

1922: En avril, le ministère de la marine et des pêcheries commence à accorder des licences de radiodiffusion (broadcasting) et il attribue 22 licences au Canada.

Au 31 décembre, il a attribué 61 licences.

Pour le Québec: CKAC (La Presse), CFCF (Marconi), CJBC (Dupuis Frères), CHYC (Northern Electric), CFZC, CHCX, CKCS, CFUC (Université de Montréal), CFCJ (L'Événement Journal, Québec).

Pour le Canada: Nouvelle-Écosse: CFCE, CJCS, CHAC. Nouveau Brunswick: CJCI, CKCR. Ontario: CFPC, CHIC, CKOC, CFCH, CJCF, CFCX, CJGC, CHCS, CKQC, CHXC, CFCA (Toronto Star), CFTC, CHCB (Marconi), CHCZ, CHVC, CJCD (Eaton), CJCH, CJCN, CJSC (The Evening Telegram), CKCE, CKCZ, CKKC, CFCI, CHFC, CFBC. Manitoba: CFCD, CHCF, CJCG (Manitoba Free Press), CJNC, CKCB, CKZC. Saskatchewan: CKCK. Alberta: CFAC, CFCN, CHBC, CHCQ, CJCY, CJCA (Edmonton Journal), CHCC. British Columbia: CJCB, CFCB (Marconi), CFYC, CHCA, CHOC, CJCE (Vancouver Sun), CKCD, CFVC.

1922: Le gouvernement fédéral accorde 13 licences d'écoles de formation dont 7 licences à des institutions québecoises: le Collège Scientifique et commercial de Verdun (Académie Richard), l'Académie Girouard (St-Hyacinthe), le collège Mont-Saint-Bernard (Sorel), l'Académie du Sacré-Coeur (Sorel), l'Université McGill (2 licences) et l'École du Sacré-Coeur (Shawinnigan).

Il accorde aussi 40 licences expérimentales dont 6 au Québec [Robb (9AA), Désilets (9AB), Marconi (9AM, 9BC), Telmosse (9AN), Northern Electric (9BM)]

1922: Le 3 mai, La Presse annonce la construction de sa station CKAC, qui sera inaugurée le 27 septembre par un concert du pianiste de réputation internationale Emiliano Renaud.

1922: Jacques-Narcisse Cartier, journaliste et expert technicien de radio, devient le premier directeur de CKAC, après avoir contribué à créer deux stations à New York avec David Sarnoff, alors vice-président de RCA.

1922: Plusieurs organismes, créés entre 1920 et 1923, donnent un contexte scientifique et culturel à l'avènement de la radio: En 1920, l'Université de Montréal, devenue autonome, crée l'École des sciences sociales, économiques et politiques, sous la direction d'Édouard Montpetit. En 1922 sont créés: l'Institut de Botanique de Montréal par Marie-Victorin, La Société canadienne d'opérette, l'Orchestre Philharmonique de Montréal, dirigé par Eugène Chartier, sous le nom initial d'orchestre du "Conservatoire national de musique", affilié à l'Université de Montréal, le grand prix littéraire du Québec (qui deviendra le Prix David). Adoption de la loi sur les monuments historiques. En 1923: fondation de l'ACFAS, l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences, construction de l'École des Beaux-Arts de Montréal et fondation de la Société du Bon Parler français par Jules Masse.

1922: Ouverture de la BBC en Angleterre, de Radio-Paris et de Radio-Tour-Eiffel en France, des radios de la Suisse, de l'Espagne, de l'URSS, du Danemark et de l'Allemagne.

1923: Début, le 13 février, de la première série d'émissions consacrées à la chanson française contemporaine, organisée par le musicologue et importateur de musique Raoul Vennat.

1923: Présentation, le 5 avril, de la première pièce de théâtre jouée à la radio québécoise et canadienne: Félix Poutré, de Louis Fréchette, une pièce mettant en scène les troubles de 1837.

1923: Le 13 avril, Jacques-Narcisse Cartier, accompagné des musiciens et des chanteurs qui ont donné les concerts de musique française, va présenter le concert inaugural de la nouvelle station de radio de Springfield, Mass.

1923: Le 12 juin, première diffusion en direct d'une oeuvre de théâtre lyrique, l'opérette Les Cloches de Corneville, avec un orchestre de 25 musiciens, un choeur de 38 chanteurs et des solistes professionnels.

1925: En mars, Jacques-Narcisse Cartier présente à un Comité des Communes, à Ottawa, un mémoire intitulé "Le rôle véritable de la radio dans la vie d'un peuple".

1925: Le 15 septembre, première émission d'enseignement à la radio: cours de piano de 30 semaines, donnés par un pianiste québécois de réputation internationale, Emiliano Renaud.

Emiliano Renaud, pianiste (166 K)

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1925: En octobre, lors de la campagne électorale fédérale, première diffusion des assemblées par une "unité mobile" créée par Cartier et transmission des résultats en direct par CKAC pour tout l'Est du Canada.

1926: Fondation de l'Association canadienne des radiodiffuseurs, à Toronto. Jacques-Narcisse Cartier est élu président le 24 janvier.

1926: Création à New York, par David Sarnoff, du réseau NBC. Vingt quatre postes en font partie.

1926: À Québec, ouverture des stations CHRC par J.-Narcisse Thivierge, du Soleil, et CKCV, dirigée par G.-A. Vandry.

Publicité de CHRC (25 K)

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Canadian Broadcaster & Telescreen, 10 janvier 1951

 

1927: En octobre, Jacques-Narcisse Cartier quitte ses fonctions à CKAC pour des raisons de santé. Il retournera ensuite à la pratique du journalisme écrit.

1927: Joseph-Arthur Dupont, adjoint de Cartier, lui succède à la direction de CKAC.

1928: Institution, par le gouvernement fédéral, de la Commission royale d'enquête sur la radiodiffusion (Commission Aird -- Frigon) qui présentera son rapport en 1929.

1929: En avril, le gouvernement libéral dirigé par Taschereau, à Québec, fait adopter la "Loi relative à la radiodiffusion en cette province".

1929: En octobre, le nouvel émetteur de CKAC, construit à Saint-Hyacinthe, fait passer la station de 500 à 5000 watts. Dupont présente presque tout de suite une requête au fédéral pour augmenter la puissance à 50 000 watts.

1929: Le 24 octobre, effondrement de la Bourse de New York et début d'une longue crise économique dans tout l'Occident.

1929: En décembre, commence la diffusion d'une série d'émissions culturelles et éducatives, "L'Heure Provinciale", financée par le gouvernement du Québec en vertu de la loi qu'il vient d'adopter. L'émission est dirigée par l'économiste Édouard Montpetit et par le directeur artistique Henri Letondal, et elle durera dix ans et diffusera environ mille conférences économiques et sociales.

1929: J.-Arthur Dupont conclut une entente d'affiliation avec le réseau américain Columbia Broadcasting System (CBS) pour l'échange de grands concerts de musique classique.

1929: Ouverture de la station CKSH de Saint-Hyacinthe, propriété de la municipalité et de la Chambre de commerce.

1930: La visite à Montréal du dirigeable britannique, le "R-100", consitue un événement médiatique exceptionnel. Pour son voyage de retour, il y a un seul journaliste canadien-français à bord, c'est Jacques-Narcisse Cartier.

1931: J.-Arthur Dupont engage l'écrivain Robert Choquette, et c'est le début de la littérature radiophonique québécoise.

1931: En décembre, le Metropolitan Opera de New York inaugure la radiodiffusion en direct de ses opéras le samedi après-midi.

1932: Le 26 mai, adoption de la Loi canadienne de la radiodiffusion qui prévoit la création de la Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR), laquelle est instituée en automne.

1932: La Commission canadienne de la radiodiffusion, formée de trois membres (H. Charlesworth, T. Maher et A. Steele) engage J.-Arthur Dupont, en décembre, comme directeur de la programmation française pour l'Est du Canada.

1932: Le réalisateur Marcel Lefebvre quitte CKAC et  devient directeur-fondateur de la station CHLP qui débute ses émissions en 1933.

 

1933: Louis-Philippe Lalonde, qui était annonceur à CKAC depuis 1929, devient directeur de la station qu'il orientera vers des objectifs commerciaux.

1933: À Hull, le 30 juin, ouverture de la station CKCH qui devient la même année la propriété de Josaphat Pharand.

1933: À Chicoutimi, en octobre, inauguration de la station CRCS de la Commission canadienne de la radiodiffusion.

1933: En décembre, Arthur Dupont conclut une entente qui permet à la CCR de retransmettre l'opéra du samedi en direct du Metropolitan Opera House de New York. L'émission dure encore en 1997.

1933: En juillet, ouverture de la station CHNC à New-Carlisle.

1934: Jacques-Narcisse Cartier devient vice-président de la CCR, en remplacement de Thomas Maher. Il quittera cependant en 1935 pour des raisons politiques.

1935: Robert Choquette crée le premier radioroman de longue durée, "Le Curé de village".

1936: Le 2 novembre, la CCR devient une société d'État, la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) / Société Radio-Canada. Le premier directeur général adjoint est Augustin Frigon (1936-1943), qui sera ensuite directeur général (1944-1951).

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Groupe Trans-Québec (34 K)

CB&T-Trans-Qc.html

IV. La radio, un service essentiel aux dimensions du territoire

 

1937: Ouverture des stations: CHLN de Trois-Rivières, CJBR de Rimouski, CHLT de Sherbrooke.

1937: Conférence interaméricaine sur les longueurs d'ondes, à La Havane, Cuba. La convention qui est adoptée sera mise en vigueur en 1941.

1937: Le 11 décembre, ouverture de CBF, et début d'une nouvelle programmation propre à Radio-Canada. Début de la première série féminine :"Femina".

1937: Gratien Gélinas crée à la radio de CKAC le personnage de "Fridolin" dans l'émission "Le Carroussel de la gaieté"

1937-1938: Début du phénomène littéraire des radioromans en forme de feuilletons quotidiens et des séries dramatiques originales par des auteurs québécois (Choquette, Grignon, Baudry, Légaré, Gury, Bernier, Loranger, Brisset-Thibodeau, Morisset, Deyglun, Desprez, Brassard.)

1938: Jean-Marie Beaudet devient directeur général de la musique pour tout le réseau de Radio-Canada.

1938: En septembre à Québec, CBV, et en octobre à Chicoutimi, CBJ, se joignent au réseau français de Radio-Canada.

1938: En septembre, Claude-Henri Grignon commence la diffusion à CBF de son premier radioroman, "Le Déserteur", dans la série "Les Belles Histoires des pays d'En-Haut", réalisé par Guy Mauffette.

                Claude-Henri Grignon (156 K)

Grignon.html

1938: Le 30 octobre, Orson Welles produit, sur le réseau CBS, sa pièce La Guerre des mondes qui crée une panique dans la population américaine.

1938: Début, à Radio-Canada, avec l'appui du gouvernement du Québec, de la série Le Réveil rural, une émission d'économie rurale d'abord produite par un groupe d'agronomes animé par J.-Arthur Dupont et fondée à Québec en 1935 sous le nom de "Société du Réveil rural". La série durera plus de trente-cinq ans.

1939: Le 1er janvier, début de la publication de l'hebdomadaire spécialisé Radio-Monde.

1939: Ouverture des stations: CKRN de Rouyn-Noranda, CHGB de Ste-Anne-de-la-Pocatière, CKVD de Vald'Or.

1939: Début de la radiodiffusion régulière des parties de hockey en provenance du Forum de Montréal.

1939: En mars, l'Allemagne envahit la Tchécoslovaquie. Le 1er septembre, l'Allemagne déclare une guerre européenne en s'emparant de la Pologne. Le 3 septembre, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne. Le 10 septembre, le Canada déclare la guerre à l'Allemagne.

1939: En mai, Jovette Bernier commence sa série humoristique "Quelles Nouvelles" au moment où l'information devient omniprésente.

1939: Le 5 septembre, Claude-Henri Grignon commence la diffusion à CBF de son radioroman "Un homme et son péché", "Une autre des Belles Histoires des pays d'En Haut", réalisé par Guy Mauffette, puis par Lucien Thériault.

Claude-Henri Grignon et Guy Mauffette (177 K)

Frq-Grignon-Mauffette.html

 

Un homme et son péché (187 K)

Frq-Hoe-peche

1939: Création, à CKAC, de l'importante série dramatique "Le théâtre de chez-nous", dirigée par Henri Letondal.

1940: À la radio de la BBC, à Londres, le Général Charles De Gaulle lance, le 18 juin, un appel aux Français pour qu'ils organisent la résistance à l'envahisseur allemand.

Publicité de CJAD (19 K)

CJAD-CanB&T.html

Canadian Broadcaster & Telescreen, 1950

1940: Durant les années quarante, ouverture des 12 stations suivantes:
CHAD (Amos, 1941), CJSO (Sorel, 1945), CJAD (Montréal, angl., 1945), CKVL (Verdun, 1946), CKTS (Sherbrooke, 1946), CHEF (Granby, 1946), CKRS (Jonquière, 1947), CJFP (Rivière-du-loup, 1947), CKBL (Matane, 1948), CHRC (Québec, 1949, deviendra CHOI-FM en 1976), CHRL (Roberval, 1949), CJNT (Québec, 1949, devient CJQC en 1953 et CFOM en 1964.)

Publicité corporative (40 K)

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Canadian Broadcaster & Telescreen, 21 février 1951

 

1941: Création du Service de l'information de Radio-Canada, dirigé par Marcel Ouimet

1941: Création du Service de Radio-Collège, à Radio-Canada, dirigé par le réalisateur Aurèle Séguin (1941-1950), puis par Gérard Lamarche (1950-1953) et Raymond David (1953-1956).

1941: En vertu de la loi des mesures de guerre, le gouvernement fédéral impose la censure à tous les médias. Une équipe de militaires et de journalistes est chargée d'approuver l'information.

1942: Dans la campagne référendaire lancée par Ottawa pour autoriser la conscription, Radio-Canada limite le droit de parole de ceux qui s'opposent au gouvernement.

1944: Augustin Frigon devient directeur général de Radio-Canada jusqu'en 1951.

1945: L'Assemblée législative du Québec adopte la "loi autorisant la création d'un service provincial de radiodiffusion", instituant l'Office de la radio du Québec.

1946: Ferdinand Biondi devient directeur des programmes à CKAC, et, jusqu'en 1965, il fait la promotion des valeurs culturelles auprès du directeur Phil Lalonde.

1947: À CKVL, Guy Mauffette, en collaboration avec Jacques Normand, crée un modèle avec "La Parade de la chansonnette française", qui assure la relance, après la guerre, de la chanson venue de France, autour du maître Charles Trenet.

 

Commandite de Colgate - Palmolive (133 K)

CB&T-Sponsor-radios.html

Canadian Broadcaster & Telescreen, 21 février 1951

 

1948: À l'Université de Paris-Sorbonne, soutenance de la première thèse de doctorat sur la radio québécoise par Jacques Beauchamp-Forget.

1948: À l'Université Laval, fondation d'un Institut de la Radio, rattaché au Service extérieur de la Faculté des Sciences sociales, sous la direction de Napoléon Leblanc et d'Aurèle Séguin.

1949: Création par le gouvernement fédéral de la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences, présidée par Vincent Massey et co-présidée par Georges-Henri Lévesque.

1950: Durant les années cinquante, ouverture des 16 stations suivantes [3]:
CKVM (Ville-Marie, 1950), CKLD (Thetford-Mines, 1950), CKLS (La Sarre 1950), CKSM (Shawinigan, 1951), CFDA (Victoriaville, 1951), CKVL-FM, (Verdun, 1951, deviendra en 1977 CKOI-FM), CKRB (St-Georges-de-Beauce, 1953), CJMT (Chicoutimi, 1954), CFGT (Alma, 1954), CKBM (Montmagny, 1954), CHRD (Drummondville, 1954), CKTR (Trois-Rivières, 1954), CJMS, (Montréal, 1954, par Raoul Gadbois, de la société La Bonne Chanson), CKGM (Westmount, 1959, angl.), CHRS (Longueuil, 1959), CFLM (La Tuque, 1959).

Publicité de CKVL (53 K)

CB&T-CKVL.html

Canadian Broadcaster & Telescreen, 21 février 1951

 

1950: Début de la série "Nouveautés dramatiques", à Radio-Canada, qui sera diffusée jusqu'en 1962, comme théâtre expérimental québécois créé par Guy Beaulne.

1951: Début de la série "Sur toutes les scènes du monde", à Radio-Canada, théâtre de répertoire international, qui sera diffusée jusqu'en 1975.

Reporter (88 K)

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Canadian Broadcaster & Telescreen, 21 février 1951

 

1955: Création par le gouvernement fédéral de la Commission royale d'enquête sur la radio et la télévision, présidée par R.M. Fowler. Le rapport est remis le 15 mars 1957.

1956: Le réalisateur Paul Legendre, à Radio-Canada, crée "Chez Miville", une émission de textes humoristiques sur l'actualité qui, avec une équipe d'écrivains, fera la satire souriante de l'actualité quotidienne et de la "révolution tranquille" jusqu'en 1970.

1958: Le gouvernement fédéral adopte une loi qui crée le Bureau des gouverneurs de la radiodiffusion (BGR).

1959: Début de l'utilisation populaire du récepteur autonome à transistors

1959: Début de la formule des "lignes ouvertes", à CKVL, avec "Madame X", Reine Chevrier.

1959: En septembre, mort du Premier ministre Maurice Duplessis.

1960: Le 2 janvier, mort du Premier ministre Paul Sauvé, qui avait ouvert le Québec au changement dans un discours devenu célèbre par l'utilisation répétée du mot "désormais".

1960: En juin, élection du Premier ministre Jean Lesage et de son équipe qui mettra en oeuvre des réformes économiques, sociales et culturelles dont l'ensemble a été désignée comme la "révolution tranquille".

1960: Guy Mauffette, à Radio-Canada, débute son émission du dimanche soir qui deviendra un classique de l'animation, "Le Cabaret du soir qui penche".

Guy Mauffette (175 K)

Mauffette-mic.html

1960: Durant les années soixante, ouverture de 27 stations, dont les suivantes [4]:
CJAF (Cabano, 1960), CJLM (Joliette, 1960), CKBS (Saint-Hyacinthe, 1960), CHLC (Hauterive, 1962), CKLM (Laval, 1962), CJFM-MF (Montréal, 1962), CFMB (Montréal, angl., 1962), CKGM-MF (Montréal, angl., 1963), CKML (Mont-Laurier, 1964), CKMF (Montréal, 1964), CFQR (Montréal, 1966), CFLS (Lévis, 1967), CHVD (Dolbeau, 1967), CHLT-FM (Sherbrooke, 1967, qui devient CITE-FM en 1976), CJRP (Québec, 1969), CJMD (Chibougamau, 1969),

1961: Création du Ministère des Affaires culturelles du Québec.

1962: Début des séries de cours radiodiffusés, offerts durant plusieurs années, par le Département de l'Instruction publique du Québec, en français parlé, en musique, en anglais.

1964: Création du Ministère de l'Éducation du Québec.

1965: Gilles Vigneault chante pour la première fois "Mon Pays".

1966: Fondation de la Société de musique contemporaine du Québec.

1967: Exposition universelle de Montréal sur le thème de "Terre des Hommes", au cours de laquelle la visite à Montréal de très nombreux chefs d'État donne l'occasion d'une multiplication des reportages radiophoniques en direct.

1968: Le gouvernement fédéral adopte une loi qui crée le Conseil de la radiodiffusion et de la télédiffusion canadienne (CRTC).

1969: Création par le gouvernement du Québec du Ministère des Communications.

1969: Modification de la loi de 1945 et création de l'Office de la radio-télévision du Québec, dont le mandat est de diffuser une programmation éducative.

1969: Formation du réseau Radiomutuel par Raymond Crépeault (Corporation Civitas Radiomutuel).

1970: Durant les années soixante-dix, ouverture de 41 stations dont les suivantes [5]:
CFGL-FM (Laval, 1970), CFED (Chapais, 1970), CFDM (Drummondville, 1970, qui devient CKVR en 1976), CIMF-FM (Hull, 1970), CKVT-FM (Témiscamingue, 1970), CHOM-FM (Montréal, angl. 1972), CKTL (Plessisville, 1972), CKRL (Sainte-Foy, 1973), CJAN (Asbestos, 1973), CKPM (Bagotville, 1975, CJLA (Lachute, 1975), CKLR (L'Annonciation, 1975), CJVL (Ste-Marie-de-Beauce, 1975), CJMC (Ste-Anne-des-Monts, 1975), CHRM (Matane, 1975), CKMG (Maniwaki, 1975), CHOI-FM (Québec, 1976), CIPC (Port-Cartier, 1976), CITÉ-FM (Montréal, 1977), CIEL-FM (Longueuil, 1977), CIRB (Lac Etchenmin, 1977), CIME-FM (Laval, 1977), CHOC-FM (Jonquière, 1977), CHUT-FM (Chicoutimi, 1977), CFRP (Forestville, 1977), CJRG-FM (Gaspé, 1978), CJLP (Disraéli, 1978), CFLP (Rimouski, 1978), CIRC-FM (Rouyn-Noranda, 1978), CHLM-FM (Rouyn-Noranda, 1979), CJAB-FM (Chicoutimi, 1979),

1970: Élection du Premier ministre Robert Bourassa.

1970: Durant la crise d'octobre, la radio, et son écoute par transistor, redevient un instrument essentiel d'information instantanée.

Crise d'octobre 1970 et radio (127 K)

Qc-Pr-controle-radio-70.html

Québec Presse, 25 février 1973

1971: La Compagnie Marconi vend ses droits sur la station de radio CFCF.

1971: Le gouvernement du Québec publie un énoncé d'orientations intitulé "Pour une politique québécoise des communications".

1971: Le gouvernement du Québec publie un énoncé intitulé "La politique québécoise en matière de câble communautaire".

1973: L'Assemblée nationale du Québec institue une Commission parlementaire spéciale sur les problèmes de la liberté de presse qui publie une série de rapports sur les médias.

1973: Formation du réseau Télémédia.

1973: Création de la première station de radio communautaire au Québec et au Canada, CKRL-FM, à l'Université Laval, à Québec.

1974: Création de la première radio communautaire interculturelle, CINQ-FM, à Montréal.

1974: Le réseau FM stéréo français de Radio-Canada entre en service, reliant Montréal, Ottawa, Québec et Chicoutimi.

1975: Le mandat et le nom du CRTC sont modifiés pour devenir le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

1976: En mai, le gouvernement du Québec publie un document de travail préparé par le ministre Jean-Paul L'Allier, "Pour l'évolution de la politique culturelle".

 

Enregistrement de l'émission «Les Joyeux troubadours» (175 K)

SRC-enreg-Joy-Troubad.html

 

1976: Le 15 novembre, élection du gouvernement dirigé par le Premier ministre René Lévesque.

1977: Le gouvernement du Québec publie un énoncé de politique intitulé "Le Québec et la radio-télévision: éléments d'une politique".

1978: Le gouvernement du Québec publie "La Politique québécoise du développement culturel", document préparé sous l'autorité du ministre Camille Laurin.

1979: À la fin de la décennie, les "lignes ouvertes" occupent 17% des heures d'antenne, mais CFCF leur accorde 47%, CKVL 22% et les autres entre 8% et 12%.

CFCF et le CRTC (173 K)

CFCF-CRTC.html

Le Jour, 1er avril 1976

 

1979: Fondation de l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec (ARCQ).

1980: Depuis l'année 1980 jusqu'à 1996, ouverture de 36 stations [6]:
CFVM (Amqui, 1980), CHAI-FM (Châteauguay, 1980), CFJO (Gagnon, 1980), CHGA-FM (Maniwaki, 1980), CJMF-FM (Québec, 1980), CIMH-FM (Sept-Iles, 1980), CIGB-FM (Trois-Rivières, 1980), CIBO (Senneterre, 1981), CFIM-FM (Cap-aux-meules, 1981), CHIP-FM (Fort-Coulonge, 1981), CIHO-FM (St-Hilarion, 1981), CIBL-FM (Montréal, 1982), CBSI-FM (Sept-Iles, 1982), CITF-FM (Québec, 1982), CHIK-FM (Québec, 1982), CIEU-FM (Carleton, 1983), CKMF-FM (Montréal, 1984), CFNJ-FM (St-Gabriel-de-Brandon, 1985), CIMB-FM (Rivière-du-Loup, 1986), CFIX-FM (Chicoutimi, 1987), CFEL-FM (Montmagny, 1987), CHJM-FM (St-Georges-de-Beauce, 1987), CJDM-FM (Drummondville, 1987), CJMM-FM (Rouyn-Noranda, 1988), CIKI-FM (Rimouski, 1988), CKTF-FM (Gatineau, 1988), CFLO-FM (Mont-Laurier, 1988), CFEI-FM (St-Hyacinthe, 1988), CJMV-FM (Val-D'Or, 1989), CFJO-FM (Victoriaville, 1989), CHEY-FM (Trois-Rivières, 1990), CHOE-FM (Matane, 1991), CIQC (Verdun, 1991 [7]), CHOX-FM (La Pocatière, 1992), CHYK-FM (Alma, 1993), CKGM (Montréal, 1996).

1983: Le gouvernement fédéral publie un énoncé de politique: "Vers une nouvelle politique nationale de la radiodiffusion".

1983: Fondation à Montréal, de l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC).

1985: Le gouvernement fédéral crée le Groupe de travail sur la politique de radiodiffusion, qui remet son rapport en septembre 1986 (Rapport Sauvageau-Caplan).

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La radiodiffusion en 1997 au Québec

75 ans après les débuts du média radiophonique à Montréal on compte environ 182 stations [8]:

27 stations FM de radio communautaire [9],
81 stations [10] commerciales [11],
13 stations publiques de Radio-Canada [12],
1 station de Radio-Canada International [13],
10 stations FM de radio étudiante [14],
50 stations autochtones [15].

--Pierre Pagé, professeur à l'UQAM

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