Moments
marquants de l´histoire
des studios d´enregistrement
à
Montréal et liens avec l´évolution de
l´industrie du disque
1850-1900
Préhistoire
du disque et de l´enregistrement
Textes,
recherches,
numérisation, photographies, édition et entrevues
réalisés
par Christian Lewis
1850
L’enregistrement
sonore n’est pas à l’origine du commerce dans le domaine
musical. Depuis que Petrucci a inventé l’imprimerie en 1501,
l’acquisition de partitions n’est
plus la chasse
gardée des élites. La mise en marché des premiers
enregistrements sonores sera
plutôt conservatrice, s’inspirant de présentations
auxquelles la clientèle
était habituée, inspirées par les affiches et les
pages frontispices des livres
et des partitions, le graphisme des journaux et des revues de
l’époque (avec la
tendance à tout encadrer).
1878
Un premier
enregistrement est réalisé
au Canada. Le discours de
Lord Dufferin, gouverneur
général du Canada, est
gardé en mémoire sur un cylindre gravé avec
un appareil d´Edison. Un
an auparavant, le
français Charles
Cros conçoit un
appareil de reproduction
sonore et l´américain
Thomas Edison invente et
démonstre l’efficacité de son prototype de
phonographe.
1887
Emile
Berliner, une des personnalités les plus importantes de
l´histoire de
l´enregistrement sonore au Canada, aux États-Unis et en
Europe, obtient un brevet
d’invention pour son
gramophone. Il invente la même année le disque plat
à aiguille (5 pouces de
diamètre, entre 70 et 96 tours par minute), d’abord en verre,
puis en zinc, et
la matrice, en cuivre ou en nickel, pour produire les disques en grande
quantité (cette qualité d’ordre industriel, sera
déterminante dans la rivalité
entre le cylindre et le disque). Il met au point la gravure
latérale qu’il
perfectionnera. Deux ans plus tard, il commercialise cet appareil de
reproduction sonore en Allemagne. Le terme gramophone est d’abord
associé aux
appareils pouvant lire des disques plats alors que phonographe est
associé à
ceux pouvant lire des cylindres. Lorsque, 15 ans plus tard,
Edison propose son «Diamond Disc Phonograph»
pouvant lire des disques, la distinction entre les deux termes se
confond peu à
peu pour devenir synonyme.
 
Publicité de Victor,
début XXe siècle
Publicité
de Pratte, 1888

Publicité de Berliner
Gramophone,
début XXe siècle
1896
Fondation
de la maison Archambault à Montréal. Le fondateur
était un professeur de
musique, qui importait des partitions. Le besoin de développer
l'importation
l'a amené à développer un commerce. Plus tard, il
importera aussi des pianos,
puis des rouleaux pour piano et des disques. Une maison à
Sainte-Thérèse
fabriquera des pianos pour Archambault. Le magasin Archambault de la
rue Berri
a été ouvert en 1939 environ (auparavant le commerce
était situé au coin de
Saint-Denis et Sainte-Catherine).
1897
Ouverture
à Philadelphie du premier studio d’enregistrement professionnel
au monde par
les frères Fred et William Gaisberg,
associés d’Emile Berliner. Fred Gaisberg devint un
ingénieur du son respecté et
innovateur. Les frères Gaisberg constitueront un catalogue fort
intéressant
(dont Caruso et Menuhin).
1898-1899
Francis Barrraud peint la première
ébauche d’une toile qui inspirera le logo le
plus connu et le plus disputé de l’histoire du disque. The
Gramophone Company
commandera plus d’une vingtaine de répliques. L’une d’elles se
retrouvera à
Montréal à la Victor Company d’Emile Berliner. Le
célèbre chien Nipper est convoité par
plusieurs compagnies et filiales
(Gramophone, Victor Talking Machine, RCA, EMI, Pathé, La Voix de
son Maître)
dans une longue saga juridique. À l’origine, le chien
écoutait un phonographe à
cylindre, dans l’œuvre de Barraud intitulée La Voix de son
Maître. Dès 1900, Berliner fait ajouter le logo HMV
avec le chien Nipper sur ses étiquettes pressées à
Montréal. Victor l'adopte en 1902. The Gramophone Company
Limited en fait sa marque de commerce en 1907.
«Le logo le plus populaire, le plus
connu, c’est celui de His Master’s Voice avec le chien devant le
gramophone.
Quand on y pense, c’est peut-être le plus plate. Ce n’est pas
extrêmement
original. On a là, plaqué, deux images, le chien et le
gramophone. Ils sont
illustrés. C’est une illustration, ce n’est pas un logo.»
- Paul
Martin, graphiste

Publicité de Berliner,
Canadian Magazine, 1900
1898
à 1908
300
enregistrements canadiens-français sont publiés chez
Edison, Columbia, Victor,
Imperial et Berliner. Des chanteurs ayant une formation lyrique
ou des
comédiens populaires (parfois bonimenteurs au cinéma) se
partagent le marché.
De 1898 à 1960, plus de 10 000 œuvres de plus de 700 artistes
canadiens-français seront gravées.
1899
Berliner
s’installe à Montréal sur la rue de l’Aqueduc (Lucien
L’Allier). Ce n’est qu’en
1910 qu’il y séjourne dans une
résidence secondaire. L’usine au début dispose d’un
équipement minimal de
quelques presses de disques. Cette entreprise commercialise en 1900 les
premiers enregistrements sur disque fabriqués au Canada, dont le
diamètre est
de 18 cm (7 po). Les activités de
pressage et de distribution étant florissantes, l’usine de
Montréal prendra un
essor dès 1903, avec l’apparition de la Victor Talking Machine. Victor est fondée
en 1901 en association avec
Berliner. Victor Talking Machine Company (Victor) est le
résultat d’une fusion entre
deux entreprises :
- le
holding Consolidated
Talking Machine Company of
America, qui s’occupait à la fois des brevets de Berliner et de
l’usine de
fabrication des produits Berliner;
- l’usine
d'Eldridge Johnson, Manufacturing
Machinist, qui concevait et fournissait différentes
pièces maîtresses des
appareils phonographiques de Berliner.

Usine Berliner avant 1912,
Collections de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec (BANQ), Fonds Conrad Poirier
1899
Casarès peaufine, pour la
société Pathé, un
procédé de copie des cylindres (pantographe).
Désormais les musiciens n’ont pas
à enregistrer à plusieurs reprises la même
pièce musicale.
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Liens vers des
extraits d´entrevues
et images
* Photographies des
collections de la Phonothèque québécoise, de
Bibliothèque et Archives
nationales du Québec, des archives des studios et des archives
personnelles des
invités

Partition
publiée chez J. Amédé Roy à
Montréal, début XXe siècle circa

Partition
de la Bolduc publiée chez Popular Music à Montréal

Disque
Edison, début XXe siècle

Gramophone,
début XXe siècle circa

Partition
publiée chez Archambault, début XXe siècle circa

Disque Berliner Gram-O-Phone
pressé à Montréal, début XXe siècle

Promotion
HMV avec la mascotte Nipper
Promotion HMV avec la mascotte Nipper

Premières
installations de Berliner à Montréal, 1899

Usine DGG de fabrication de disques, 1898

Usine
de fabrication de cylindres, début XXe siècle
* Photographies des
collections de la Phonothèque québécoise, de
Bibliothèque et Archives
nationales du Québec, des archives des studios et des archives
personnelles des
invités |