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Historique de la radio communautaire

Information locale et communautaire

  par Michel Sénécal

 


 

 

Information locale et communautaire

 

Quelles qu’elles soient, radios communautaires, étudiantes ou autochtones, l’une des principales caractéristiques qui réunissent ces pratiques de radiophonie de proximité, c’est leur souci d’offrir à leurs collectivités respectives un canal de communication où l’information locale, ou du moins, celle qui touche de très près la communauté, puisse s’y retrouver en priorité et avec toute l’attention que les autres médias ne semblent pas toujours vouloir lui attribuer. Cela fait en sorte que la communauté peut elle-même devenir la principale source d’informations et de contenus radiophoniques, notamment par le truchement des groupes et organismes sociaux actifs dans toutes les sphères constitutives de la communauté au niveau local comme régional.

 

Il est compréhensible que la plupart des radios communautaires au Québec soient nées des lacunes régionales et locales en matière de radiodiffusion. La plupart du temps, leurs artisans les perçoivent comme des outils de développement social, économique et culturel en vue de disposer d’une information locale proche de la réalité de leur milieu, d’offrir une tribune publique aux groupes et aux individus, enfin, de favoriser le rassemblement et la formation.

 

Au-delà de leur grande diversité, l’ensemble des radios communautaires partage une vision du rôle de la radio, et des médias en général, qui se distingue de celles qui motivent les autres médias des secteurs public et privé. Dans certaines stations communautaires, cette distinction se manifeste dans le «son» même de la station: elle est évidente et explicite dès qu’elle est syntonisée. Dans certaines —c’est le cas notamment des radios de premier service— cette distinction se démarque davantage au niveau structurel et par ce refus de la logique marchande, selon laquelle la capacité de faire des profits serait le critère primordial pour l’implantation d’un média. Ainsi, à la différence des radios privées en particulier, les radios communautaires se préoccupent du développement communautaire avant le développement d’un marché. À la différence des radios d’État, elles se préoccupent également d’une communauté locale au lieu d’une communauté nationale.

 

Certainement que l'ajout du secteur communautaire aux secteurs public et privé dans la Loi sur la radiodiffusion canadienne (1991) 1, est conséquent de l'apport historique important de la radio communautaire dans la défense de la diversité des sources d'informations et de leur accessibilité pour la population québécoise.

 

Il existe au Canada deux types de licences pour les radios communautaires. Il s’agit, pour reprendre les termes du CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada), du type A, c’est-à-dire de premier service, s’appliquant aux radios qui diffusent dans un marché où aucun autre service radiophonique semblable n’existe. Situées en région éloignée, elles répondent à un besoin essentiel d’information locale et régionale. Le type B correspond de son côté à la radio régionale ou urbaine; c’est la désignation accordée aux radios communautaires qui coexistent avec d’autres radiodiffuseurs locaux, qu’ils soient privés ou non, dans un même marché. Évidemment, elles aussi répondent à des besoins locaux et couvrent quelques quartiers d’un grand centre urbain, ou une municipalité entière et sa région. Conformément aux «lois» du marché qui prévalent dans l’industrie radiophonique, cette deuxième catégorie tend à correspondre aux aires géographiques dont la densité de population rend la radiodiffusion privée profitable, soit dans des villes de moyenne ou de grande population. D’où le contexte de concurrence exacerbée auquel doivent de plus en plus faire face les radios communautaires urbaines, notamment dans la grande agglomération montréalaise.

 

Quel que soit son type et le milieu dans lequel elle opère, la radio communautaire se doit de viser le développement de la communauté dont elle est issue et à laquelle elle s’adresse. Elle est également un lieu d’apprentissage et de formation où de nombreuses personnes se familiarisent chaque année avec le média radiophonique.

 

Les contenus et traitement de l’information locale ou régionale sont donc nécessairement conditionnés par le type même du média et de son inscription territoriale. Ainsi, le travail d’information que fait une radio de premier service dans une localité ou région a une dimension et une importance différenciées en regard de celui de la radio urbaine ou régionale en constante interaction, voire compétition, avec d’autres médias. Si cela s’avère exact dans le cas de l’information, cela l’est aussi dans le cadre de l’offre musicale.

 

Les radios communautaires ont depuis toujours tendu vers un certain éclectisme et il en résulte une diversité et une liberté de choix plus prononcée dans la programmation disponible. L’information diffusée, prioritairement locale et régionale, remplit son rôle en matière d’éducation de la population sur des sujets tels que la santé, le travail, les droits sociaux, l’environnement, la situation des femmes, etc. Très engagée dans le domaine de la culture et ouverte aux réalisations des divers secteurs artistiques, la radio communautaire québécoise cible et permet de découvrir des artistes locaux, des créations originales et des productions inédites. Elle se définit de plus comme un ardent défenseur et un lieu de diffusion par excellence de la musique vocale francophone et, pour ce faire, contribue largement à la promotion et au développement de la chanson francophone du Québec et d’ailleurs.

 

 

1 Loi sur la radiodiffusion (1991)

 

La Loi sur la radiodiffusion adoptée en 1991 est la première loi à reconnaître de manière officielle le secteur de la radiodiffusion communautaire aux côtés des secteurs public et privé. En cela, la loi faisait suite à une des recommandations du rapport Caplan-Sauvageau (1985) qui reconnaissait dans les pratiques de télévisions et radios communautaires un apport original et essentiel au système de radiodiffusion canadien au regard de leur engagement dans la production de contenus à caractère social et local. À l’instar de toutes les lois fédérales précédentes qui ont balisé le développement de la radiodiffusion au Canada, cette loi réitère la philosophie selon laquelle l’ensemble du système de la radiodiffusion se doit d’être à vocation publique. Ainsi, peu importe le secteur d’appartenance ou les intérêts spécifiques des pratiques médias concernées, celles-ci doivent contribuer à offrir un service national et universel à l’ensemble de la population canadienne. D’où l’existence de normes réglementaires communes comme celles notamment des quotas appliqués à la diffusion de contenu canadien et plus particulièrement de la programmation musicale et vocale francophone.

 

 


 
Histoire de la radio communautaire et universitaire à Montréal
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Mise à jour le 7 juin 2004

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