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Historique de la radio communautaire

Prise de parole des groupes populaires

  par Michel Sénécal

 



 

Prise de  parole des groupes populaires et communautaires

 

Si la participation citoyenne est devenue au fil du temps un terme phare d’une plus grande démocratisation de nos sociétés et des institutions vouées à la gestion des affaires publiques, celle-ci s’est vue considérée, dès les origines du mouvement des radios communautaires, comme une exigence prioritaire de leur développement. Non seulement la vie démocratique est essentielle à leur organisation et à leur fonctionnement sur une base égalitaire mais aussi comme une condition incontournable de leur ouverture à leurs communautés et au lien social plus serré qu’elles pourraient ainsi créer. Les divers groupes sociaux constitutifs de la communauté ont besoin de la radio communautaire pour prendre la parole et faire valoir leur point de vue; en retour, celle-ci doit compter sur le bénévolat de la communauté pour la gestion, la réalisation de la programmation, voire la survie financière de l’organisme. Ainsi, donner la parole aux gens, aux citoyens ordinaires, démystifier l’information, faire de la radio un véritable moyen de communication, sont devenues quelques-unes des grandes préoccupations qui ont jalonné la création et le développement des radios communautaires au Québec.

 

En devenant un moyen de communication de proximité, c’est-à-dire en se préoccupant de donner la parole à ceux qui ne l’avaient pas ou si peu, les radios communautaires allaient constituer des lieux privilégiés non seulement de démocratisation de l’espace médiatique mais aussi des sources potentielles d’une démocratisation de la société à l’échelle de leur intervention. De la sorte, certaines valeurs et pratiques démocratiques pouvaient dès lors trouver une place dans l’espace public, puisque les radios communautaires leur donnaient en quelque sorte une place importante dans l’organisation de leurs activités.

 

Selon le modèle établi, la radio se distinguait par son pouvoir de rassembler des gens en créant sa propre «communauté d’auditeurs» — ce que l’on appelle communément dans l’industrie, l’auditoire, qui se comptabilise en cotes d’écoute et en parts de marché. Les modèles de communication communautaires ont tenté d’inverser cette relation commerciale en postulant comme raison d’être l’existence de communautés déjà formées et auxquelles il reviendrait aux médias de s’adapter plutôt que l’inverse. Cela est dû en grande partie au fait que les médias communautaires considèrent leur public d’abord comme un ensemble de citoyens ayant des besoins de communication particuliers, et non comme des consommateurs dont on vend le pourcentage de l’écoute aux publicitaires. Ainsi le caractère non lucratif des pratiques communautaires ne se reflète pas uniquement dans leur mode d’organisation légale mais également dans la manière anti-commerciale, pourrait-on dire, de concevoir le public auquel elles s’adressent.

 

Aussi, il est peu étonnant que les débuts de la communication communautaire au Canada et au Québec émergent de formations sociales animées par l'esprit activiste caractéristique des mouvements radicaux et contestataires des années 1960 et 1970. La notion d’appropriation collective des médias a fait sa place dans les discours et les pratiques des acteurs sociaux qui n’ont pas accès au contrôle et à l’utilisation des médias.

 

L’approche participative que privilégient dès lors les radios, et d'autres pratiques médiatiques dans les domaines du cinéma et de la vidéo d'intervention sociale, se traduit par l’emphase donnée au rôle de la communauté dans la propriété, la réalisation des programmes, la gestion de l’organisme. D'où l'importance qui sera accordée à la formation des bénévoles ainsi qu’au rôle dans l’orientation, la gestion et la production dévolu à l’assemblée des membres, qui constitue pour ainsi dire l’épine dorsale démocratique du média.

 

Dans le concret, cela se traduit par l’existence légale d’un organisme indépendant, à but non lucratif, de propriété collective, doté d’un Conseil d’administration, lequel est élu par l’assemblée de ses membres. Ce dernier gère le budget, s’occupe des relations externes, assure le respect des normes établies par le CRTC, et ainsi de suite. Le personnel rémunéré assume quant à lui le soutien à la participation de la collectivité à la programmation, les services auprès des auditeurs, l’information locale et régionale, de même que la gestion interne de l’organisation. Les modalités pour devenir membre varient de station en station, mais consistent habituellement en une combinaison de l’achat d’une carte de membre et parfois d’un bénévolat d’un nombre minimal d’heures par année.

 

Des bénévoles composent ainsi la majorité des «employés» d’une radio communautaire, ce qui fait partie de son mandat. On s’entend habituellement sur l’importance de ce mode de gestion comme façon d’impliquer la communauté dans la radio. Si au dire de certains permanents, la professionnalisation des activités a été parfois essentielle à l’efficacité de la prise de parole des milieux populaires et communautaires, il a été toutefois important que la radio communautaire ne se «professionnalise» pas de manière excessive, car cela aurait nuit à l’accès aux ondes. Entre les deux extrémités du spectre, il semble y avoir un équilibre certes fragile, mais indispensable à trouver pour assurer la pérennité de la station.

 

 


 
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Mise à jour le 7 juin 2004

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