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Historique de la radio communautaire

Militantisme

  par Michel Sénécal et Roger Fritz Rhéaume

 


 


 

Militantisme social et communautaire

par Michel Sénécal

 

Que ce soit à travers le mouvement contre-culturel des années 1970 ou le mouvement d’antimondialisation actuel, le militantisme dans et par la voix des radios communautaires s’est constamment réactualisé, soutenant par conséquent les grandes causes sociales qui ont jalonné les dernières décennies. Qu’il s’agisse de la question des femmes, de l’éducation, de la santé, du logement, de l’écologie, de l’immigration, etc., toutes ces préoccupations sociales ont trouvé des échos favorables du côté des radios communautaires. Non seulement parce que celles-ci devaient, par leur mandat, refléter les valeurs et intérêts de leurs communautés mais aussi parce que les membres actifs au sein de ces radios étaient également parties prenantes de ces mouvements sociaux.

 

Doit-on le rappeler, le courant des radios communautaires au Québec est né dans une mouvance militante qui trouva entre autres, aux États-Unis, ses racines dans l’action pacifiste qui elle-même a déjà une forte résonance internationale. Il suffit ici d’évoquer le réseau de la Fondation Pacifica qui fit son apparition dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre. Puis, plus tard, les mouvements hippie, contre-culturel, nationaliste, léniniste, etc., co-existent et s’entrechoquent.

 

Il en a été de même de tous les grands courants d’idées qui ont eu ainsi par le truchement des radios de proximité, une place d’expression privilégiée auprès des communautés locales. C’est aussi pour cette raison qu’il existe historiquement des liens étroits entre les réseaux communautaires et les pratiques de médias à vocation collective et qu’il y a toujours eu une place pour la critique et l’alternative tant sociale que culturelle dans l’espace médiatique communautaire.

 

À une époque où il est question de culture alternative voire anticapitaliste, en raison des modes de vie, de valeurs et d’intérêts mis de l’avant, n’est-il pas possible d’y discerner une autre forme de contestation appropriée à un nouveau contexte sociopolitique, où l’individualisme a pris le pas sur le collectivisme, où l’engagement social se fait davantage par l’appel à la solidarité humaine qu’à l’institutionnalisation politique? Là aussi les radios campus et communautaires n’échappent pas à cette mouvance qui se caractérise par de nouvelles façons de s’exprimer par les mots, la musique et diverses manifestations culturelles et politiques. En fait, plus qu’un seul projet médiatique, la radio communautaire s’avère être en soi un projet d’affirmation et de changement social.

 


 

Des médias et des militants

par Roger Fritz Rhéaume

 

Le terme militant est habituellement utilisé dans le cas de personnes concernées par des problématiques et des luttes sociales et politiques. Pourtant, lorsqu’il est question des pionniers de la radio communautaire, et des médias communautaires en général, il n’est pas faux de parler d’eux en termes de militants de la communication. Dès les années 1960, plusieurs de ces militants étaient au poste pour défendre une certaine idée des médias. Il était question de médias donnant la parole aux citoyens, aux représentants de groupes populaires et communautaires, aux artistes dits «de la relève», bref, à ceux et celles à qui les médias traditionnels (électroniques ou écrits, commerciaux ou d’État) donnent rarement la parole.

 

Ces militants étaient, pour un bon nombre, des gens déjà actifs dans des secteurs d’activités autres que les communications. Conscients du besoin dans la société civile de médias donnant la parole à ceux qui n’en avaient pas ou peu, leurs préoccupations se tournèrent bientôt vers la problématique de l’accessibilité aux médias.

 

Ainsi, au début des années 1970, des militants mettaient sur pied au Lac Saint-Jean une expérience de télévision communautaire par câbles, pour répondre à des besoins de scolarisation et d’éducation populaire. D’autres expériences du même type s’élaboraient dans quelques régions du Québec. À la même époque, des journaux communautaires faisaient leur apparition, particulièrement en milieu urbain. Puis quelques années plus tard, des radios communautaires prenaient les ondes: en 1973, CKRL FM, en provenance de l’Université Laval à Québec puis en 1974, de Montréal, CINQ FM (Radio Centre-Ville). Tous ces médias avaient grosso modo les mêmes visées dont l’une, centrale, était de donner la parole aux citoyens et aux citoyennes.

 

Depuis l’arrivée voilà plus de trente ans des médias communautaires dans le paysage médiatique québécois, des centaines d’individus ont travaillé d’arrache-pied, le plus souvent dans l’ombre, pour le développement des médias communautaires. Ils ont participé à la mise sur pied de leur radio, ont fait du lobbying auprès d’instances gouvernementales, ont été membres de comités divers, ont réalisé des séries d’émissions, ont été journalistes bénévoles, etc. Certains étaient étudiants en communication, d’autres, soit la grande majorité, n’avaient jamais pensé à faire de la radio ou de la télévision. Certains auront été des salariés, à l’occasion, mais dans la plupart des cas, des bénévoles. Tous ont, par leur militantisme, contribué au développement de l’une des plus belles expériences d’éducation populaire et culturelle au Québec, celle de la communication libre et communautaire.

 

 


 
Histoire de la radio communautaire et universitaire à Montréal
Pionniers de la radio communautaire

Radio communautaire montréalaise (origines et développement)

Introduction

En quelques mots... (citations)

Émissions et intervenants mémorables

Radio Centre-Ville CINQ une radio multiethnique

CIBL une radio francophone et  alternative

Information locale et communautaire Prise de parole des groupes populaires

Militantisme

Spécificité de la radio urbaine (vie urbaine et lien social)

Promotion du contenu francophone et de la  diversité culturelle Sources

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Mise à jour le 7 juin 2004

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