Phonothèque québécoise
Musée du son
Sauvegarder, documenter et diffuser le patrimoine sonore

Historique de la radio communautaire

Radio communautaire montréalaise,

origine

  par Roger Fritz Rhéaume

 



 

La radio communautaire montréalaise (1)

 

Introduction

 

À Montréal, le monde de la radio communautaire peut se targuer d’avoir en son sein deux stations à l’image de la diversité culturelle de la métropole. Radio Centre-Ville (CINQ FM) est une radio multiethnique, mais une bonne partie de sa programmation est en français; CIBL FM, la radio francophone de Montréal, diffuse évidemment en français en plus de faire entendre la voix de la communauté haïtienne de Montréal et ce, depuis plusieurs années.

 

Ces deux stations ont marqué l’univers de la radio communautaire québécoise, mais plus particulièrement Radio Centre-Ville puisque celle-ci se veut l’une des pionnières de la radiodiffusion communautaire, non seulement au Québec mais aussi au Canada.

 

Sil est vrai que le Québec a été un exemple pour plusieurs radiophiles, nous devons, comme en bien d’autres domaines, rester modestes, car le phénomène de la radio communautaire ou radio non commerciale, date de près d’un demi-siècle et a fait son apparition aux Etats-Unis: nos deux stations montréalaises seraient donc, dans une certaine mesure, nées de ce mouvement.

 

 

Un phénomène américain

 

Dès 1950, un certain nombre de stations de radio MF étaient mises sur pied par la Fondation Pacifica. L’idée maîtresse de Pacifica est une idée de liberté ; elle veut prouver que la liberté passe par la communication. De plus, elle veut recueillir et diffuser de l’information sur les raisons des conflits entre les groupes et en outre, promouvoir autant l’étude des problèmes économiques et politiques que des causes des antagonismes religieux, philosophiques et raciaux 1.

 

En 1970, 45 000 personnes étaient abonnées aux quatre différentes stations de Pacifica, situées à New-York, San Francisco, Los Angeles et Houston. Il est ici question d’abonnements alors que la formule qui sera plus tard utilisée au Québec, comme d’ailleurs dans le reste du Canada, sera celle du membership. La nuance mérite d’être soulignée; les pionniers de la radio communautaire québécoise partageaient cette conception du membership où les membres ont une mainmise pleine et entière des leviers du pouvoir au sein des organisations.

 

Une caractéristique commune des deux expériences, tant l’américaine que la québécoise, sera le financement. Chaque station se finance individuellement à l’intérieur de sa propre communauté. Sur le plan de la programmation, on retrouve aussi des similitudes, plus particulièrement en regard des radios urbaines communautaires; dès le début, les stations de Pacifica sont réputées pour leur programmation hardie et pour leur intention très nette de changer et développer les intérêts de la communauté.

 

La conception de la radio de Pacifica a servi de source d’inspiration à plusieurs militants de la radio communautaire; il ne s’agissait pas simplement d’une utopie, car elle s’est révélée très tôt comme une alternative originale à une radio commerciale monotone, traditionnelle et trop souvent «timorée».

 

 

Un phénomène urbain

Au départ, la radio communautaire québécoise est essentiellement un phénomène urbain. Une première station, CKRL FM, voit le jour à Québec il y a de cela trente ans. En effet, le 15 février 1973 à 17 heures, CKRL 89,1 FM, la station de radio communautaire de la région de Québec, commençait à émettre. Le projet, développé depuis deux ans par cinq étudiants de l’Université Laval, voyait le jour. Une première radio francophone en Amérique du Nord! Une radio non commerciale, offrant de l’information et une musique originale. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications avait donc accepté l’idée d’une radio universitaire expérimentale, ce qui constituait une première pour le système canadien de radiodiffusion qui jusqu’alors ne comptait que des radios privées commerciales et une radio d’État (Radio-Canada).

 

Les pressions de ce groupe d’étudiants, jointes à celles exercées par d’autres promoteurs et militants de Montréal, ont porté fruit. Dans les années 1970, le projet de Radio Centre-Ville s’élaborait dans un milieu fortement urbanisé, multiethnique, et qui plus est, au cœur d’une effervescence communautaire exceptionnelle. La recherche d’un canal de diffusion, susceptible de répondre au besoin d’échanges d’informations entre les différents groupes communautaires, se faisait de plus en plus pressant. Ces derniers ne pouvaient se faire entendre sur les ondes des radios commerciales et la radio d’État ne démontrait que très peu d’intérêt pour l’information de quartier, encore moins pour les communautés culturelles. Bref, le constat fait par Hyman Glustein devant les représentants du CRTC s’avérait juste et cela était criant particulièrement en milieu urbain.

 

 

 

 

À propos du financement des radios communautaires

 

Il est de bon ton dans certains milieux peu informés de parler des radios communautaires et plus particulièrement des radios communautaires urbaines, comme s’il s’agissait d’organismes fortement subventionnés par les divers paliers de gouvernement. Cette affirmation est inexacte. En effet, il faut savoir que seul le gouvernement québécois, par le biais d’un programme de soutien, est impliqué dans le financement des radios communautaires québécoises ; son soutien financier représente environ 20 % de l’ensemble des revenus des radios communautaires. Les municipalités, dont celle de Montréal, n’ont pas de programme particulier pour les médias en général. Quant au gouvernement fédéral, c’est par le biais de programmes d’emploi que celui-ci intervient et les radios communautaires, tout comme n’importe quels organismes à but lucratif ou non lucratif, sont susceptibles de recourir à ces programmes.

 

Sur le plan des budgets de fonctionnement, ceux-ci sont différents d’une radio à l’autre et bien sûr, tributaires du marché dans lequel la radio opère. À titre d’exemple, une radio urbaine telle que Radio Centre-Ville aura, bon an mal an, un budget maximum tournant autour de 400 000 $, alors qu’une radio opérant dans un marché régional moyen pourrait avoir une budget dépassant le demi-million. Mais encore là, il faut rappeler que, d’une radio à l’autre, les budgets peuvent varier considérablement.

 

 


 

 

(1) cf. H. HOFFMAN. Pacifica and the idea of freedom, New-York, Novembre 1965.

 

 


 
Histoire de la radio communautaire et universitaire à Montréal
Pionniers de la radio communautaire

Radio communautaire montréalaise (origines et développement)

Introduction

En quelques mots... (citations)

Émissions et intervenants mémorables

Radio Centre-Ville CINQ une radio multiethnique

CIBL une radio francophone et  alternative

Information locale et communautaire Prise de parole des groupes populaires

Militantisme

Spécificité de la radio urbaine (vie urbaine et lien social)

Promotion du contenu francophone et de la  diversité culturelle Sources

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Mise à jour le 7 juin 2004

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