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Historique de la radio communautaire

Radio universitaire

  par Michel Sénécal

 


 

Radios campus-communautaires

 

Lorsque l’on aborde le dossier des radios campus ou étudiantes au Canada, une chose étonne. Si les radios communautaires québécoises, francophones et acadiennes sont pour la plupart des stations «communautaires», par opposition les radios «campus-communautaires» sont prédominantes au Canada anglophone. Autre effet de la société distincte ou simple résultat des actions politiques québécoises en la matière? Cela dit, la radio étudiante a cependant une longue tradition au Québec qui remonte aux années 1970, alors que Radio Centre-Ville partageait, à ses balbutiements, le même canal de diffusion par câbles qu’utilisait alors Radio McGill. Situation semblable, quasi au même moment à Québec, où CKRL, la radio campus de l’Université Laval, obtenait le statut de radio expérimentale, appellation donnée aux radios communautaires avant 1975.

 

Si les premières radios communautaires anglophones au Canada sont les radios communautaires Wired World (1973) et Vancouver Co-op Radio (1974), le mouvement qu’elles ont amorcé se déplace sans tarder vers les campus universitaires anglophones. C’est là que les radios communautaires anglophones se tailleront une place bien à elles, développant un modèle de radiodiffusion s’adressant autant — certains diraient plus — aux communautés avoisinantes qu’aux populations proprement universitaires. Ce mouvement, chapeauté à partir de 1980 par l’ANREC (Association nationale des radios étudiantes et communautaires, mieux connue selon son vocable anglais National Campus and Community Radio Association), s’articule surtout autour des formations sociales construites autour de jeunes, de radicalisme, de marginalité, d’avant-gardisme — bref, des mouvements contestataires déjà présents aux origines de la radio communautaire dans les années 1960 et 1970.

 

Au Québec, le CRTC a attribué des licences aux radios étudiantes CKUT (1987) et CISM (1991), l’une associée à l’Université McGill, l’autre à l’Université de Montréal.

 

Étant associées aux universités, ces radios se trouvent habituellement en milieux urbains et régionaux. Une certaine indépendance face aux structures étatiques et commerciales provient directement de leur statut de radios universitaires, ce qui leur fournit un financement provenant directement de cotisations étudiantes. Cet arrangement n’est pas sans obligations, évidemment. Avec un personnel qui n’est pas toujours représentatif de la population universitaire, même s’il compte grand nombre d’étudiants, la radio campus-communautaire typique est prise constamment entre les besoins et intérêts de la vie du campus et ses nombreuses activités parascolaires, et ceux des diverses communautés qu’elle dessert, qui, elles, ne s’intéressent pas nécessairement aux détails du monde universitaire. La structure administrative de toute radio campus-communautaire comporte cependant des membres de la communauté universitaire, comme l’exige le CRTC d’ailleurs.

 

En fait, la radio de campus a d’abord été conçue en tant qu’activité d’enseignement et de formation, ayant fait ses premiers pas dans certains départements universitaires (génie, communication, etc.). Ensuite, l’ouverture à la communauté s’est effectuée. En effet, ce n’est que plus tard que ces radios, distribuées dans un premier temps par câbles, trouvent chez les mouvements activistes des utilisateurs et promoteurs enthousiastes. Cependant, l’évolution subséquente des radios universitaires les rapproche de plus en plus avec le mouvement communautaire.

 

Le développement du modèle campus-communautaire se distingue par son inscription dans un réseau d’institutions et de pratiques tout autre de celui de la radio communautaire francophone, notamment en ce qui concerne le financement : les cotisations universitaires viennent ici remplacer les subventions des programmes d’aide gouvernementaux.

 

Aussi, avec aussi peu d’obligations envers l’État ou l’industrie, le «son» de la radio campus-communautaire est, dit-on, encore plus éclectique que celui de ses consœurs communautaires urbaines. Les stations campus-communautaires donnent la priorité à l’accès aux moyens de la communication en se disant que cet accès assurera du même coup l’offre de programmation, puisque les bénévoles participeront à sa production. Dans un tel modèle, c’est notamment tout le débat autour d’une programmation dite de «qualité» qui est aussitôt écarté, la responsabilité de la programmation incombant en premier lieu aux bénévoles qui la produisent. En fait, les bénévoles produisent la quasi-totalité de la programmation et un vaste éventail de communautés se trouvent ainsi représentées par leur intermédiaire.

 

Avec toutes ces caractéristiques, on comprend que la radio campus-communautaire ne ressemble aucunement aux radios étatiques ou privées. Tandis que les radios francophones communautaires sont fières d’être les premières à découvrir un musicien peu connu avant qu’il ne devienne tôt ou tard la coqueluche de l’industrie privée, les radios campus-communautaires se vantent plutôt de diffuser de la musique que l’on n’entend pas et n’entendra jamais sur les ondes privées.

 

Il faut toutefois admettre qu’un certain souci de professionnalisme ou du moins d’intérêt pour la profession persiste à l’intérieur de ce modèle car, comme dans la radio communautaire francophone, on retrouvera par la suite plusieurs «diplômés» des radios campus-communautaires dans les radios et autres médias étatiques et privés.

 

 


 
Histoire de la radio communautaire et universitaire à Montréal
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Mise à jour le 7 juin 2004

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